Syrie, les damnés de l'or noir.






























Loin à l'horizon, dans la région de
Rmeilan, le ciel surplombant les vastes plaines cultivées du nord
est de la Syrie est obscurci par d'épaisses fumées noires. Elles
sont dégagées par la combustion du pétrole brut dans les
raffineries artisanales qui s'étalent autour de la route
internationale. Les populations des villages arabes alentours y
travaillent dans des conditions extrêmement précaires.
Dans cette zone désormais sous contrôle de l'administration autonome du canton de Djezireh mais rendue exsangue par la guerre, les seules sources de revenus sont l'agriculture et le raffinage de pétrole. Cette première activité ne concerne désormais qu'une petite partie de la population. Le reste, plus de 70% estiment en 2014 les travailleurs du pétrole, n'a pas d'autre choix que de travailler dans le raffinage. « Ou mourir de faim, faute d'argent », lance Anas, ancien élève ingénieur qui a stoppé ses études au début de la guerre et exerce cette profession depuis deux ans. « Biddi 3ysh » - on veut vivre. Ce sont les jihadistes de l'état islamique qui ont démarré cette activité. Ils cherchaient un moyen de raffiner le pétrole brut extrait aux alentours de Deir ez Zor. Une fois ceux-ci chassés par les forces kurdes des YPG, l'activité a continué.
Les travailleurs, la peau noire de pétrole, le visage enfoui dans un foulard en une vaine tentative de se protéger des fumées toxiques, ne se font guère d'illusions sur leur avenir. L'air tout autour est empoisonné. Même le pelage des moutons est devenu noir. Les enfants sont malades, les adultes développent des maladies respiratoires et de peau. Ils savent leurs jours comptés. Mais ils préfèrent encore continuer à travailler et acheter un peu de répit à eux et leur famille, que de s'arrêter et mourir de faim. Outre les fumées, les explosions dues aux gaz emportent parfois certains d'entre eux. Travaillant tous les jours d'arrache-pied, du matin jusqu'au soir, les ouvriers ne perçoivent qu'un salaire de misère, de 300 à 500$ par mois. Bien loin des profits des « businessmen » qui leur livrent le pétrole brut ou qui revendent les barils de mazout, d'essence et de gaz produits. Si en 2014 les raffineries se situaient dans une zone grise, dangereuse du fait de la présence de cellules dormantes de daesh, aujourd'hui la ligne de front a reculé, rendant la zone plus sûre, et le commerce se fait principalement au Rojava.
Dans cette zone désormais sous contrôle de l'administration autonome du canton de Djezireh mais rendue exsangue par la guerre, les seules sources de revenus sont l'agriculture et le raffinage de pétrole. Cette première activité ne concerne désormais qu'une petite partie de la population. Le reste, plus de 70% estiment en 2014 les travailleurs du pétrole, n'a pas d'autre choix que de travailler dans le raffinage. « Ou mourir de faim, faute d'argent », lance Anas, ancien élève ingénieur qui a stoppé ses études au début de la guerre et exerce cette profession depuis deux ans. « Biddi 3ysh » - on veut vivre. Ce sont les jihadistes de l'état islamique qui ont démarré cette activité. Ils cherchaient un moyen de raffiner le pétrole brut extrait aux alentours de Deir ez Zor. Une fois ceux-ci chassés par les forces kurdes des YPG, l'activité a continué.
Les travailleurs, la peau noire de pétrole, le visage enfoui dans un foulard en une vaine tentative de se protéger des fumées toxiques, ne se font guère d'illusions sur leur avenir. L'air tout autour est empoisonné. Même le pelage des moutons est devenu noir. Les enfants sont malades, les adultes développent des maladies respiratoires et de peau. Ils savent leurs jours comptés. Mais ils préfèrent encore continuer à travailler et acheter un peu de répit à eux et leur famille, que de s'arrêter et mourir de faim. Outre les fumées, les explosions dues aux gaz emportent parfois certains d'entre eux. Travaillant tous les jours d'arrache-pied, du matin jusqu'au soir, les ouvriers ne perçoivent qu'un salaire de misère, de 300 à 500$ par mois. Bien loin des profits des « businessmen » qui leur livrent le pétrole brut ou qui revendent les barils de mazout, d'essence et de gaz produits. Si en 2014 les raffineries se situaient dans une zone grise, dangereuse du fait de la présence de cellules dormantes de daesh, aujourd'hui la ligne de front a reculé, rendant la zone plus sûre, et le commerce se fait principalement au Rojava.
Les chefs locaux possèdent l'équipement des raffineries . Certains ont pu investir dans des systèmes à pompes électriques, moins polluants et plus rentables, qui produisent presque deux fois plus de barils que les installations basiques. Ce sont eux qui font affaire avec les businessmen et redistribuent l'argent aux autres habitants. Une partie de la production est vendue localement, au bord de la route, dans des jerrycans ou des bouteilles plastiques. En juillet 2017, le prix de ce carburant était de 0,20€ le litre. Mais la qualité n'est pas la même que celles de raffineries industrielles.
La commission de l'énergie du Rojava a l'intention de stopper cette activité destructrice tant pour les humains que l'environnement dès que possible. A Manbij, située beaucoup à l'ouest et libérée en juillet 2016, l'administration locale a déjà décidé d'interdire ce travail au vu du risque sanitaire élevé. Si le canton de Djezireh possède une ou deux structures saisies au régime, ou rachetées à des compagnies privées, celles-ci ne peuvent pas être exploitées pour produire suffisamment de carburant. Une partie du pétrole brut est raffiné via des intermédiaires à Tartous, sous contrôle du régime syrien. Mais cette production est revendue au prix fort à l'administration autonome, 0,80€ le litre. Samer Hussein, adjointe de la Commission d’énergie, déclare en juillet 2017: « nous n’avons pas d’autre solution pour le moment. Les gens ici ont besoin de carburants. Dès que nous pourrons, nous construirons des raffineries modernes et nous nettoierons la région. Et bien sûr, nous embaucherons tous ces travailleurs dans les nouvelles raffineries. » Mais à cause de l'embargo exercé par la Turquie et par le KRG, impossible de faire rentrer les matériaux nécessaires à l'exploitation de raffineries.