Les tunnels de Rafah

2012/2013

Le monte-charge bringuebalant descend en grinçant le puits aux parois bétonnées, abrité sous une
grande tente blanche. 15m plus bas, il s'arrête avec une secousse devant l'entrée du tunnel. Un homme presse les deux occupants de prendre leurs bagages et sortir. Immédiatement, une autre personne prend leur place pourmonter, tirant une lourde valise derrière elle. Un ordre hurlé vers la surface, et l'ascenseur s'ébranle de nouveau. Nos deux voyageurs s'engouffrent dans le tunnel, sous lequel ils tiennent tout juste debout. Il fait frais, et les bardages de bois renforçant les parois et la voûte dégagent un doux parfum qui se mêle à celui de la terre humide. Des câbles électriques courent le long de la paroi. A intervalles réguliers, des lampes diffusent un éclairage blafard mais assez puissant pour y voir clair. Parfois lorsque l'électricité se coupe, l'ambiance devient angoissante. Au sol, des bidons coupés en deux dans la hauteur et attachés à des cordes servent à tirer les marchandises le long du tunnel.
Au fur et à mesure qu'on se rapproche de l'autre extrémité, le tunnel commence à monter, d'abord en
pente douce puis de façon plus soutenue sur les derniers mètres. Pour ne pas glisser sur le plancher en bois, il
faut s'accrocher à la rampe rudimentaire sur le côté. Finalement, il débouche à l'abri d'une maison du côté
égyptien. La traversée aura pris cinq à dix minutes seulement. Sans traîner, les voyageurs se font entraîner
dehors par les tunneliers et pousser vers un taxi. Le prix et la destination sont rapidement négociés, alors que les travailleurs jouent sur la peur d'une descente de police pour essayer de soutirer plus d'argent aux utilisateurs.Dans une cour abritée par un auvent et fermée par des murs qui la protègent des regards indiscrets, quelques personnes attendent l'autorisation de traverser, assises sur des chaises de jardin.
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