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Lavrio, camp autogéré.

Décembre 2017

Camp de Lavrio, Lavrio, Grèce Ismaïl a 32 ans. Plusieurs de ses frères et soeurs ont rejoint le PKK. Lui et ses parents ont été régulièrement emprisonné. En 2010, il avait déjà reçu l'asile politique en Suisse pour échapper à un procès monté de toute pièce, qui finira par un non lieu. Son père était journaliste et distributeur du journal d'opposition kurde Özgür Gündem. En 2014, alors qu'il partait faire sa tournée du matin, celui-ci a été assassiné par des membres de daesh, qui ont envoyé une vidéo à Ismaïl pour revendiquer le meurtre et lui dire qu'il serait le prochain sur la liste. La police turque n'a rien voulu faire. Puis la répression a repris, le passeport d'Ismaïl a été confisqué. Sa famille l'a supplié de prendre la fuite pour ne pas retourner en prison. Il a du laisser derrière lui sa femme et ses 3 enfants. Lorsqu'enfin il tente de rejoindre sa destination, il est arrêté et expulsé vers la Turquie, où il passera plusieurs mois en prison. Camp de Lavrio, Lavrio, Grèce 1) Assassin dupère d'Ismaïl 2) La mère d'Ismaïl 3) Son père 4) Les funérailles de son père Ismaïl a 32 ans. Plusieurs de ses frères et soeurs ont rejoint le PKK. Lui et ses parents ont été régulièrement emprisonné. En 2010, il avait déjà reçu l'asile politique en Suisse pour échapper à un procès monté de toute pièce, qui finira par un non lieu. Son père était journaliste et distributeur du journal d'opposition kurde Özgür Gündem. En 2014, alors qu'il partait faire sa tournée du matin, celui-ci a été assassiné par des membres de daesh, qui ont envoyé une vidéo à Ismaïl pour revendiquer le meurtre et lui dire qu'il serait le prochain sur la liste. La police turque n'a rien voulu faire. Puis la répression a repris, le passeport d'Ismaïl a été confisqué. Sa famille l'a supplié de prendre la fuite pour ne pas retourner en prison. Il a du laisser derrière lui sa femme et ses 3 enfants. Il attend maintenant depuis plusieurs mois un moyen de rejoindre des proches dans un autre pays d'Europe. Hassan, jeune enseignant, à du littéralement quitter sa classe en courant pour échapper à la police qui venait le chercher. Parce qu'il avait participé à des manifestations, et soutenu le développement de la langue kurde, il encourait plusieurs années de prison en Turquie. Özan travaillait au centre culturel Cigerxwin de Diyarbakir avant que celui-ci ne soit fermé. Il y a 5 mois,il a choisi de quitter le pays. Siyar prépare un menemen pour le petit déjeuner. Plusieurs membres de la famille de Siyar ont rejoint le PKK. A la fac, après avoir commencé quelques activités politiques, il est vite arrivé dans le collimateur des autorités, et a préféré partir avant d'être arrêté. "Je suis ici depuis 5 mois. Au Kurdistan, j’étais responsable du BDP à Bitlis." dit Sedat. "C’est difficile de gérer la vie du camp. Il faut gérer la circulation des humains, le budget, c’est difficile mais en tant que réfugié c’est un travail important. Les habitants d’ici choisissent leurs représentants et nous gérons comme nous pouvons jusqu’à notre départ. Ensuite, ils font les élections à nouveau." Les membres du HDP doivent atteindre une régularisation officielle qui peut prendre de nombreux mois pour partir. Le comité "propreté" organise les corvées de ménage dans le camp. Ayant tous les deux perdu leur père, l'un dans la guerilla, l'autre assassiné par daesh,Ismaïl et Ahmed se sont rencontrés en 2015, quand Ismaïl est parti visiter ses frères et soeurs dans la guérilla. Ahmed avait été désigné our être son chauffeur. Les deux hommes se sont retrouvés dans le camp de Lavrio, et sont inséparables depuis. Les habitants du camp choisissent les représentants qui organisent ensuite la vie quotidienne, notamment les corvées de ménage, de pain... Diana (à gauche) est originaire du Rojava. Elle a traversé la frontière entre la Turquie et la Grèce clandestinement, à pieds, pendant 5 jours. Cela fait deux ans qu'elle est dans le camp avec sa mère et ses soeurs, elle veut rejoindre son père en Allemagne. Elle va à l'école à Lavrio pendant la période scolaire. Son amie Ruha à presque la même histoire. 4 jours par semaine, des discussions sont organisées sur les questions politiques, culturelles... Les exilé.e.s du camp fuient la répression politique au Kurdistan Nord (Turquie) ou est (Iran), la crise économique au sud (Irak) ou la guerre au Rojava (Syrie). Chaque chambrée est autonome, et désigne un commis responsable de la mise en commun de l'argent pour les courses. Toutes les semaines, les exilé.e.s font les courses pour pas cher au marché. Gafur, Siyar et Hasan prennent un café à la boulangerie voisine du camp. Les relations avec les habitants aux alentours sont plutôt cordiales, les exilé.e.s kurdes veillent à participer à l'économie locale. Le 31 juillet 2017, sous pression de l'état turc, le gouvernement grec a décidé de se désengager complètement du camp et de stopper toute aide. La croix rouge hellène qui y avait des locaux a quitté le camp, et plus aucune officielle n'y arrive. Le 31 juillet 2017, sous pression de l'état turc, le gouvernement grec a décidé de se désengager complètement du camp et de stopper toute aide. La croix rouge hellène qui y avait des locaux a quitté le camp, et plus aucune officielle n'y arrive. Les seules aides viennent d'activistes, de l'église, de personnes solidaires... La petite Sera et sa maman Felek ont quitté le Rojava après que son mari ait été tué par les jihadistes. Ils veulent rejoindre les proches qu'il leur reste dans un pays européen. Felek a étudié 4 ans l'anglais à l'université, puis est retournée au Rojava, à Sere Kaniye avant que laguerre civile n'éclate en Syrie. Il y a 3 ou 4 ans, un 2e camp a été construit en périphérie de Lavrio, pour accueillir les familles dans de meilleurs conditions que les dortoirs du camp principal. "Ici il manque beaucoup de choses. Des médecins, des traducteurs. J’aimerais qu’on nous accompagne pour comprendre la maladie de ma grand-mère." Dans le cam depuis 3 mois, Mihemed a du quitter Damas,menacé d'emprisonnement. Après s'être rendu au Rojava,il a décidé de partir en Europe pour soigner sa mère. Après être passé en Turquie et avoir survécu difficilement pendant plusieurs jours, chassés de villes en villes par la police turque, ils ont fini par traverser la frontière avec la Grèce à pieds, de nuit, à travers la forêt. Nous sommes d’Adana. Nous sommes ici depuis 45 jours. Erdogan est responsable de notre départ. Ma femme est recherchée, nous n’avons pas besoin de faire grand-chose en Turquie pour être arrêté tant qu’on est kurde. N’importe où nous allons, ce n’est pas important. L’Allemagne ou ici, tant que notre enfant va à l’école. Il faut soutenir ce camp, il manque tout ici. Le gouvernement ne soutient en rien. Nous avons été arrêté pendant 2 jours. Nous avons déjà fui l’oppression des turcs, ici aussi nous ne voulons pas souffrir. Octobre 2018. Potager initié par les bénévoles du centre de santé Adye, dont un docteur vient tous les 15 jours au camp assurer une permanence médicale. Camp de Lavrio, octobre 2018. Suite à l'invasion par l'armée turque de la province de Afrin, la population du camp a presque doublée, passant à près de 600 personnes avant de redescendre. Il a donc fallu installer des tentes pour les accueillir. La mairie de Lavrio a réagi en déposant des ordures tout autour du camp avant d'empêcher plus d'occupation du terrain. Outre les problèmes d'hygiène et d'odeurs, le risque d'incendie est important. Camp de Lavrio, octobre 2018. Suite à l'invasion par l'armée turque de la province de Afrin, la population du camp a presque doublée, passant à près de 600 personnes avant de redescendre. Il a donc fallu installer des tentes pour les accueillir. La mairie de Lavrio a réagi en déposant des ordures tout autour du camp avant d'empêcher plus d'occupation du terrain. Outre les problèmes d'hygiène et d'odeurs, le risque d'incendie est important. Lieu collectif fabriqué par les habitant.e.s du camp de containers Ce jeune garçon est originaire de Alep. Sera est devenue la mascotte du camp, elle passe de bras en bras. Cihan : Nous avons quitté Sex Maqsud (ndlr :quartier d'Alep). Nous avons traversé des rues remplies de corps. Mes petites-filles sont orphelines. Un mur s’est effondré sur elles, mais elles n’ont rien eu. Vers 3h du matin avec 5 familles nous avons pris la route. Nous n’avons pris aucun vêtement avec nous. Nous sommes arrivés à Efrin, et pendant 3 mois nous avons vécu dans une école avec les autres familles. Les habitants nous apportaient de quoi manger. Ensuite nous sommes passés en Turquie. Mes enfants ont travaillés là-bas. Ils sont tous partis en Allemagne. Cela fait 3 ans qu’ils sont là bas. Nous, nous sommes restés 3 ans en Turquie. Nous n’avions aucun droit à Izmir. Je suis seule ici. Je dois être opérée, mon fils m’a dit « sors de là-bas ». On a traversé le fleuve. La police nous a attrapé, on a été en prison pendant 10 jours. Ils nous ont envoyés à l’île de Kos. Ils ont voulu m’emmener encore plus loin de mon fils, j’ai pas accepté,. Ils ont payé 3 000 euros pour sortir de la Grèce. Mes enfants en Allemagne étudient et travaillent. Ils ont tout détruits en Syrie, plus rien n’existe. Seul Dieu sait si nous reviendrons. C’est notre destin. Hassan et Siyar font des essais de patisserie en prévision du Nouvel An. Préparation d'un spectacle de Kurte-sano, théâtre populaire de Diyarbakir. Dogan (à gauche) : "Je m’appelle Dogan. Je suis journaliste à l'agence DIHA (interdite par l'état turc dans la vague de répression ayant suivi la tentative de coup d'état de juillet 2016). J’ai aussi travaillé pour Azadiya Welat. Suite à la répression en Turquie j’ai dû fuir. L'état turc a ouvert 27 procès à mon encontre. Au total, j'ai été condamné à 40 ans de prison. Je n’avais pas d’autre choix. Il y a un massacre au Kurdistan, on ne peut pas se taire. Je suis aussi marié. Une fois en France, je veux reprendre mes études et commencé à travailler. " Tous les 2/3 jours une équipe est chargée de faire du pain pour le camp. Le reste du camp, les exilé.e.s se fournissent dans une boulangerie locale, qui les reçoit chaleureusement. "Nour vient de Qamishlo. Elle fait partie du comité du camp, et s'occupe de la cafétéria. Elle est venue avec ses deux enfants. Siyar a fait des études agronomiques à Bingöl. Lors d'une manifestation après la mort de l'avocat Tahir Elçin en 2015, il s'est fait violemment tabassé par la police, et en garde des séquelles à l'oeil droit. Condamné à 7 ans de prison pour sa participation à des manifestations, il a du partir. Ahmed vient du camp de Mexmûr, en Irak. Il a perdu son père jeune, alors que celui-ci avait rejoint le PKK. Après avoir travaillé comme chauffeur au Rojava, il a décidé de rejoindre l'Europe pour offrir une vie meilleure à ses enfants restés là-bas. Pour lui qui n'a pas été longtemps à l'école, voyager a été formateur. Dans le camp, on trompe l'ennui en lisant, en jouant aux échecs ou au tavla, en discutant... Le portable est un élément indispensable, permettant le contact avec la familles, les passeurs (interdits dans le camp), et le divertissement. Ancien membre de la municipalité de Sur, quartier historique de Diyarbakir, contraint d'échapper à la vague de répression post-coup d'état de 2016 par le gouvernement turc. Les locaux occupés par les organisations officielles sont transformés en bibliothèque et salle de travail,le gouvernement grec ayant décidé de couper tous liens avec le camp sous pression de l'état turc. Répétition de eware, sketchs comiques, tradition de Diyarbakir. Murat était instituteur. Condamné à plusieurs peines de prison pour ses activités politiques (participation à des manifestations), il a préféré fuir. Coupe de cheveux dans les toilettes communes. Pour les douches, il faut aller dans un container aménagé dans la cour. Avant 14h, il est réservé aux femmes. Le soir, c'est au tour des hommes. Réunion de chambrée pour discuter de l'organisation de la semaine : qui cuisine, qui nettoie... C'est l'occasion aussi de dénouer les tensions inévitables dans la vie en collectivité. Les passeurs envoient par messagerie les photos des cartes d'identité européennes qu'ils proposent à la vente Hommage aux victimes de Roboski. La vie du camp est rythmée par les commémorations et les célébrations liées au Kurdistan. Octobre 2018. Manifestation à Athènes pour la libération d'Öcalan.les habitant.e.s de Lavrio participent massivement aux diverses manifestations. Octobre 2018. Un an plus tard, Ahmed est toujours là. Il vit à Athènes dans un squat avec d'autres kurdes.


Les exilé.e.s de Lavrio

décembre 2017


Merci à tous les exilé.e.s pour leur accueil, leur disponibilité, leur amitié. En espérant que votre voyage touchera bientôt à sa fin.

Synopsis :
Le camp de Lavrio, construit initialement pour accueillir les réfugié.e.s de l'ex-URSS, est occupé depuis près de 40 ans par des exilé.e.s politiques turcs et kurdes, rejoints depuis peu par des familles kurdes fuyant la guerre en Syrie. Ses occupant.e.s fuient bien souvent de lourdes peines de prison prononcées par l'état turc. Microcosme kurde en Grèce, le camp est auto-géré par ses habitants, qui tentent d'organiser la vie quotidienne en attendant le départ vers un autre pays européen.

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