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Au Nord de la Syrie, la lutte des femmes - jin, jiyan, azadî

2014/2018

Juin 2014. Ligne de front dans la région de Sere Kaniye (Ras al ayn), autour du village de Tel Khanzir, entre les forces kurdes des YPG et les djihadistes de l'état islamique. Les femmes combattantes, les YPJ, constituent 35 pour cent des forces armées. Juin 2014. Graffiti laissé par des jihadiste du groupe AL Nusra, sur les murs d'un village chrétien : "On vous égorgera. Sinjar, décembre 2014. Les combattants des YPG/YPJ luttent avec acharnement pour déloger l'EI de la ville. Juin 2014. Ligne de front dans la région de Sere Kaniye (Ras al ayn), autour du village de Tel Khanzir. La femme devant dirige les opérations. Sinjar, décembre 2014. Au front, femmes et hommes combattent côte à côte. Juin 2014,ligne de front près de Sere Kaniye (Ras al ayn). Moment de détente. Les chiens sont considérés comme impurs, ainsi s'occuper d'un animal est une façon de défier les traditions. Près de Girke Lege, octobre 2014. Unité de YPJ dans leur base. Juin 2014.Tel Tamer. Une combattante des YPJ et sa mère. Deux de ses filles et un de ses fils combattent au sein des YPG/YPJ Octobre 2014. Camp d'entraînement de Qaram, moment de détente en fin de journée Sinjar, décembre 2014, sur une colline surplombant la ville. Sinjar, décembre 2014. Cette infirmière du croissant rouge kurde, après avoir travaillé avec les réfugiés Ezidis victimes de l'attaque de l'EI en août 2014, soigne les combattant.e.s blessé.e.s. Kobane, avril 2018. Les femmes ont joué un rôle déterminant dans la libération de la ville, avec notamment le sacrifice d'Arîn Mirkan. Cette statue du centre ville leur est dédiée. Qamishlo. Mars 2014. Fête de Newroz. Après une éprouvante année de guerre, newroz est pour les kurdes syriens un symbole de leur lutte pour la liberté, et l'occasion d'affirmer haut et fort leur volonté de résister. Octobre 2014. Cérémonie funéraire pour Azad, 19 ans, mort à Kobane. Azad faisait partie des YPG qui défendait la ville. Derik, avril 2018. Cimetière des martyrs. Kobanê, avril 2018. Cimetière des martyrs. Viyan Amara (Sevim Kaya) est célèbre pour avoir été, au sein du mouvement kurde, administratrice, enseignante, écrivaine, cinéaste. Elle a notamment travaillé sur l'enseignement de la langue kurde. Kobanê, avril 2018. Les Académies sont des structures de formation politique. Ici, les futurs enseignants y reçoivent une formation idéologique pour mieux comprendre le système politique inspiré de la théorie de la Nation Démocratique et du Confédéralisme Démocratique d'Abdullah Öcalan. Viyan Amara (Sevim Kaya) est célèbre pour avoir été, au sein du mouvement kurde, administratrice, enseignante, écrivaine, cinéaste. Elle a notamment travaillé sur l'enseignement de la langue kurde. Kobanê, avril 2018. Les Académies sont des structures de formation politique. Ici, les futurs enseignants y reçoivent une formation idéologique pour mieux comprendre le système politique inspiré de la théorie de la Nation Démocratique et du Confédéralisme Démocratique d'Abdullah Öcalan, mais aussi des cours de langue kurde. Sere Kaniye, ocotbre 2014. YPG media center. Cette unité de YPJ est affectée pour quelques semaines au centre média des YPG, en guise de repos après une période passé au front. Manbidj, avril 2018. Shadia. "Je suis enseignante et je travaille aux archives. Une fois achevée la formation, je compte la transmettre aux femmes qui travaillent avec moi. J'ai appris trois choses ici : l'éthique, la morale, l'esprit de camaraderie, l'humilité Qamishlo, mars 2014. Une des premières réformes de l'administration autonome a été de mettre en place des cours de langue kurde, puis de syriaque dans les villes où les chrétiens sont présents. Aujourd'hui, dans les territoires où la population kurde est importante, un enfant kurde peut suivre sa scolarité primaire en kurde, tout en apprenant l'arabe en seconde langue, laquelle devient le kurde pour les enfants arabes. Tirbespiye, Rojava, octobre 2014. Cours de syriaque à l'école publique.Sous le régime, la pratique du syriaque autorisée uniquement dans un cadre religieux. Kobanê, avril 2018. Lycéennes à la sortie des cours. Qamishlo, Rojava. Fête de Newroz 2014. Groupe de jeunes filles d'un centre culturel préparant un spectacle de danse kurde. Environs de Kobane, Fédération Démocratique du Nord de la Syrie. Avril 2018. La Syrie du Nord est une région très rurale,transformée par le régime Assad en grenier à blé du pays, ce qui a occasionné une destruction des forêts, l'imposition de monocultures (blé et coton) et l'utilisation massive d'eau pour l'irrigation. Juin 2014. Moissons. Le travail des champs est principalement l'oeuvre des femmes. Elles ne touchent qu'un très faible revenu pour des journées de travail harassantes. Octobre 2014. Sehal, une des ses soeurs et sa belle soeur. Sehal a décidé de rejoindre les YPJ il y a un an, après ses deux frères. Pour cette jeune fille issue d'un village rural, un nouveau monde s'est ouvert, avec des libertés et un accès à l'éducation auquel elle n'aurait peut être pas eu accès autrement. Newroz Refugee Camp. Octobre 2014. Alors que les Yézidis d'irak étaient sur le point de se faire massacrer, l'administration locale kurde leur a ouvert un couloir sécurisé et a construit pour eux un camp au Kurdistan syrien, près de Derik, afin qu'ils soient en sécurité. Elle leur fournit tous les jours nourriture, électricité, sécurité, dépensant pour eux malgré son manque de moyen près de 20 000$ quotidiennement. Décembre 2014. Mont Shengal, réfugiées Ezidies au sommet de la montagne suite à l'attaque de l'EI. Sere Kaniya, Rojava. Mars 2014. Boulangerie coopérative tenue par des femmes dans un but d'émancipation économique. Les structures coopératives sont utilisées par le Kongreya Star (mouvement des femmes) afin de proposer une alternative d'émancipation économique aux femmes. Kobane, avril 2018. Leyla (tenue claire) et Adila (gilet noir) ont lancé trois mois auparavant avec d'autres une boutique de créations manuelles sous le modèle coopératif. Si au début la boutique marchait bien, les clients se font plus rare avec l'arrivée des beaux jours. A lire : http://www.kedistan.net/2018/05/08/kobane-cooperatives-outil-emancipation-femmes/ Kobane, avril 2018. Leyla et Adila, à travers leurs créations, essaient également de préserver les savoirs traditionnels. Kobane, avril 2018. Hadla. « Je travaille ici depuis un mois. Je voulais gagner de l'argent pour mes enfants. Une femme de notre quartier connaissait cet endroit, elle m'en a parlé. Après l'attaque de daesh, nous sommes allés en Turquie en tant que réfugiés, j'ai travaillé dans les champs. Puis nous sommes revenus. Mais avant de partir de Kobane, j'étais couturière. » Coopérative textile ouverte par le mouvement des femmes, le Kongra Star. A lire : http://www.kedistan.net/2018/05/08/kobane-cooperatives-outil-emancipation-femmes/ Kobanê, avril 2018. Réunion des co-présidents de 12 communes, l'entité à la base du système démocratique en Syrie du Nord, chargée de résoudre les problèmesou faire remonter les demandes des participant.e.s. Une commune réunit des représentants d'une centaine de familles vivant dans un espace commun. Kobanê, avril 2018. Ayse Effendi, co-présidente du TEV-Dem à Kobane, explique :« Il y a 91 communes à Kobane, chacune comprenant de 100 à 150 familles. Dans chaque commune on trouve deux co-présidents et aux commissions : services, santé, paix (justice), autodéfense, économie, organisation / mobilisation politique. La mise en place des communes a commencé il y a deux ans. Il y a des réunions hebdomadaires de la commune. Des compte-rendus écrits sont effectués à chaque réunion et transmis au tev-dem. Tous les 20 du mois, un rapport mensuel est produit. Il y a eu des élections des présidents de commune au mois de septembre avec une forte participation. Une fois élus, les co-présidents choisissent les responsables des comités. Cette organisation est celle proposée par Abdullah Ocalan. C'est la première fois que les Kurdes s'organisent de cette manière. Mais cette auto-organisation a des racines historiques : avant c'était des conseils de famille, de tribus. Mais les communes que nous construisons ne sont pas basées sur les liens tribaux ni sur ceux du sang. Tout le monde peut y participer, et cela permet de lutter contre le conservatisme. » Concrètement, les membres des communes sont chargés de régler, ou quand ce n'est pas possible de faire remonter les demandes et les besoins de la population. Ainsi par exemple, lors d'une réunion qui rassemble les co-président.e.s de 12 communes, on débat des visites à faire aux familles réfugiées d'Efrin, et de comment leur fournir gaz et nourriture. Qamishlo. Maison du peuple, juin 2014. Ces lieux servent à organiser la vie du quartier autour et de la communauté, en organisant des événements sociaux, faisant remonter les demandes des habitants, réglant les problèmes de voisinage. Les demande des habitants sont remontées si nécessaire au conseil de la ville. Manbidj,avril 2018. Fatma (arabe) et Hassan (kurde) sont co-présidents d'une réunion de communes de Manbidj-ouest. Durant la discussion, la jeune femme n'hésite pas à couper son volubile aîné. Manbidj,avril 2018. Nazifa al Osman, turkmène, est la co-présidente du district de Bared, elle s'occupe des services publics (électricité, mazout...). Manbidj, Fédération Démocratique du Nord de la Syrie, avril 2018. Centre commercial important à l'intersection des routes entre l'ouest et l'est, la Turquie et la Syrie, les étals de Manbidj sont remplis de produits. Le business s'accommode des lignes de front, que les camions franchissent en payant des taxes à chacun des belligérants. Manbidj, avril 2018, Akademi des femmes. Fatma, 17 ans, est co-présidente de la commune de son village, et s'occupe des violences contre les femmes.« Avant de venir, je ne connaissais pas grand chose sur les femmes. J'ai entendu parler de l'akademi et de heval Nargis et j'ai décidé de venir la rencontrer. Quand je suis venue, et que j'ai vu toutes ces femmes de différents horizons ensemble, j'ai été agréablement surprise. C'est très difficile de participer à ces classes. Quand vous le faites, vous subissez la pression sociale. J'avais un avantage, c'est que mon père connaissait le mouvement, ça a donc été plus facile. Quand les FDS nous ont libérées en 2016, il a commencé à étudier leur idéologie, il était admiratif des hevals. En venant, j'ai ramené quatre autres femmes avec moi. Depuis, le village me considère comme une sorcière. Quand je suis devenue co-présidente de la commune, j'ai pensé à me suicider à cause de la pression sociale. J'ai même reçu des menaces de mort de la part des mercenaires qui travaillent avec l'armée turque. Mais je veux montrer aux filles de mon âge que c'est possible d'y arriver. » Tabqa, Syrie, avril 2018. Mona est journaliste. Elle a commencé à travailler avec l'administration autonome dès la libération de Tabqa. Avant la guerre elle étudiait les sciences de l'éducation à Damas, mais n'a pu finir ses études. "Malgré les difficulté sur mon chemin, et la pression de la société d'ici, des paysans conservateurs, et le peu de moyens dont je dispose, je vais continuer mon travail de journaliste et j'espère avec succès. Aujourd'hui je ne peux plus aller dans les zones contrôlées par le régime, je suis considérée comme opposition". Pour elle, l'oeuvre de destruction de daesh avait déjà été commencée par le régime au début du soulèvement syrien. Manbidj, avril 2018. Maison des femmes. Jihan reçoit ce couple, dont la femme veut divorcer. La maison des femmes est un espace d'organisation pour les femmes, contre les violences familiales et conjugales et pour faire respecter leurs droits. Kobanê, avril 2018. Manbidj, avril 2018. Depuis la libération de la ville par les Forces Démocratiques Syriennes, les femmes peuvent de nouveau sortir sans être accompagnées par un homme. Qamishlo, Mars 2014. Fête de Newroz. Qamishlo, Mars 2014. Fête de Newroz. Qamishlo, Mars 2014. Fête de Newroz. Berfin est une journalsite de Ronahi TV. Comme elle, de nombreux kurdes sont venus du Bakur participer au processus politique en cours au Rojava. Les chaînes d'infos comme Ronahi TV tentent de donner une couverture des infos nouvelles. La chaîne se décline aussi en journal papier. Après une éprouvante année de guerre, newroz est pour les kurdes syriens un symbole de leur lutte pour la liberté, et l'occasion d'affirmer haut et fort leur volonté de résister. Qamishlo, Fête de Newroz 2014, Rojava. Un asayish surveille les alentours de la fête. Les Asayesh sont chargés de la sécurité intérieure. Kobane, avril 2018. "Komutan" milite pour le PKK au sein de la société civile en Syrie depuis 1986. Elle a rencontré Öcalan au Liban, lutté contre le régime syrien. Aujourd'hui, elle est co-présidente d'une commune. Jinwar, avril 2018. Le village Jinwar est prévu pour accueillir 30 femmes, et leurs éventuels enfants. Si la priorité sera donnée aux femmes de martyrs, toutes les femmes désireuses d'y habiter pourront en faire la demande, célibataires,femmes divorcées, victimes de violences conjugales... Si les hommes ne peuvent résider au village, ils viennent toutefois y participer aux travaux. Les maisons sont construites en brique de terre et de paille traditionnelle, le but étant d'avoir le fonctionnement le plus écologique possible. Jinwar, avril 2018. Le village Jinwar est prévu pour accueillir 30 femmes, et leurs éventuels enfants. Si la priorité sera donnée aux femmes de martyrs, toutes les femmes désireuses d'y habiter pourront en faire la demande, célibataires,femmes divorcées, victimes de violences conjugales... Si les hommes ne peuvent résider au village, ils viennent toutefois y participer aux travaux. Les maisons sont construites en brique de terre et de paille traditionnelle, le but étant d'avoir le fonctionnement le plus écologique possible. Jinwar, avril 2018. Le village Jinwar est prévu pour accueillir 30 femmes, et leurs éventuels enfants. Si la priorité sera donnée aux femmes de martyrs, toutes les femmes désireuses d'y habiter pourront en faire la demande, célibataires,femmes divorcées, victimes de violences conjugales... Si les hommes ne peuvent résider au village, ils viennent toutefois y participer aux travaux. Les maisons sont construites en brique de terre et de paille traditionnelle, le but étant d'avoir le fonctionnement le plus écologique possible.

Images réalisées en 2014 et 2018.
Si les images des combattantes kurdes ont fait le tour du monde, on parle beaucoup moins de leur combat politique, et du rôle des femmes dans la société civile. Cette série tente de montrer la place qu'occupent les femmes dans le système politique mis en place dans la Fédération Démocratique de Syrie du Nord, dont l'émancipation des femmes est un des piliers, mais aussi les difficultés à échapper à une société encore fortement patriarcale.