A Istanbul, les travailleurs kurdes du textile.

(décembre 2015, février 2016)

1) Ateliers illégaux à Bayramtepe.

2) Atelier légal à Kanarya


Istanbul, poumon économique de la Turquie, est un centre important de la production textile du pays. Dans ses ateliers sont confectionnés une partie des vêtements exportés ensuite en Europe. Ils sont nombreux dans les quartiers périphériques, à 2h de transport de la place Taksim, là où habitent les populations les plus pauvres. Certains de ces quartiers ont hébergé les réfugiés kurdes des années 90, auxquels se sont ajoutés récemment les réfugiés du kurdistan syrien, qui tentent de s'intégrer tant bien que mal aux Kurdes déjà présents (reportage à venir).
Les marques sous-traitent la fabrication de leurs vêtements à ces ateliers qui peuvent produire jusqu’à 5000 pièces par jour, à la chaîne, pour une dizaine d’heure de travail journalier par ouvrier et un salaire mensuel qui peut aller de 1300TL pour les postes les moins qualifiés à 3000TL pour les meilleurs.
Si les ateliers légaux respectent certaines normes en matière de salaire et de temps de travail, il n'en est pas de même des ateliers clandestins où l'exploitation est de mise. Les réfugiés syriens, population la plus précaire, sont les plus exploités, contraints de travailler pour un salaire souvent inférieur aux autres ouvriers, ou virés du jour au lendemain sans être payés. Ils ne peuvent louer de logement sans prête-nom turc pour les cautionner, et leurs maigres revenus leur permettent à peine de joindre les deux bouts quand ils doivent subvenir aux besoins d’une famille entière.
Mais pour ces quartiers à la population mouvante, les ateliers sont aussi un lieu social à part entière. Les employés qui y travaillent sont souvent jeunes, et les ateliers sont pour eux un espace de rencontre et de discussion, qui plus est mixte, chose qui n'est pas toujours si aisée dans des quartiers où tout le monde se connaît et où s'est importée la mentalité rurale des villages d'où viennent les habitants, souvent les mêmes. Pour les réfugiés nouvellement arrivés qui ne connaissent pas grand monde, c'est un moyen de s'intégrer plus vite parmi la population du quartier.